Marie-Claude Dubois

Burn out émotionnel

Burn out émotionnel : Comment on en arrive là ?

Burn out émotionnel :
Comment on en arrive là ?

Depuis trop longtemps, Sophie se dit : « J’ai trop de pression. Mon corps n’arrête pas de me dire STOP. Mon esprit est occupé jour et nuit, j’en fais de l’insomnie. Je suis aussi vidée physiquement qu’émotionnellement. J’en ai ras-le-bol. Des fois, j’aurais juste envie d’aller me cacher sur une île déserte. Je me demande quand est-ce que je vais éclater. Est-ce que je m’en vais vers un burn out émotionnel ? »

Sophie vit un trop plein et se sent à la veille d’atteindre son niveau de saturation. Depuis une période trop prolongée, elle vit du stress, de la fatigue et du surmenage. Elle est si épuisée et la charge de travail est si lourde qu’elle commence à perdre confiance en ses capacités de passer à travers ses journées.

Épuisement professionnel

Ce n’est pas le bon vouloir qui manque

Elle cherche et veut retrouver l’équilibre. Mais peu après son moment de paix intérieure à la rivière, elle a repris la routine de son train-train quotidien. Habituée de se laisser happer par toutes les tâches qu’elle a à faire et sa liste qui ne finit plus de s’allonger, elle a vite oublié sa récente marche à la rivière.

Pourtant, elle était bien décidée à son retour de se donner plus de temps pour elle. Elle avait tellement bien ressenti à quel point ces quelques minutes d’ici et maintenant, à ne rien faire, lui avaient été salutaires. Cet espace de reconnexion lui avait permis de retrouver son propre rythme et de calmer son anxiété pour un instant.

Pourquoi n’arrive-t’elle à appliquer les outils qu’elle connait pour prévenir le burn out émotinnel ?

Même si elle sait que ça ne sert à rien, elle se dévalorise de ne pas réussir à mieux prendre soin d’elle-même, d’avoir des habitudes saines, de faire de l’activité physique et de méditer. Elle sait à quel point c’est important, surtout dans sa profession.

De plus en plus de manifestations inquiétantes

Elle sent qu’elle commence à en perdre des bouts. Avant, elle pouvait faire plusieurs tâches à la fois. Maintenant, elle doit tout noter, car sa mémoire et sa concentration lui font défaut. Cela lui amène du désespoir, parce qu’elle est très consciente que ce sont là d’autres symptômes du burn out émotionnel, mais elle ne voit pas de solution pour arriver à trouver le temps de tout faire.

Pourquoi cette habitude de faire passer tout le reste avant elle-même est si bien ancrée chez Sophie ?

Sophie n’est pas si différente

Selon les deux psychologues, Charlotte Wils et Saverio Tomasella, dans leur livre La charge affective, souvent, nous avons été éduqués à « ne pas vouloir tenir compte des signes de fatigue, puis à refuser de percevoir que l’usure est en train de s’installer de manière très réelle, bien que sournoisement ».

Depuis notre tout jeune âge, nous avons appris à ne pas nous écouter, à percevoir les pauses comme de la paresse.

Or, comme l’expliquent les auteurs, ce conditionnement et ces croyances sont d’excellentes façons de faire gonfler et déborder la charge émotionnelle. Ce qui mène éventuellement vers le burn out émotionnel, avec d’autres causes et facteurs multifactoriels.

Charge émotionnelle

Le besoin de prendre soin de soi et de prévenir le burn out émotionnel en contradiction avec le besoin d’être aimée

Sophie, comme pour beaucoup d’entre nous, vient d’une famille où les valeurs d’entraide et de service sont bien ancrées. Sophie a appris très tôt à se consacrer aux besoins des autres. Et comme petite fille, ce n’était pas bien vu d’affirmer haut et fort ses désirs. Elle devait taire ses déceptions et ses frustrations.

Elle a donc appris que plus elle était au service des autres et leur faisait plaisir, plus elle était reconnue. Plus elle s’oubliait elle-même, plus elle recevait l’amour dont elle avait tant besoin. Quelle petite fille n’a pas besoin d’être aimée et acceptée de sa famille et des personnes qui l’entourent ?

C’est ainsi que Sophie a adopté le comportement que l’on s’attendait d’elle et qui est « normal » dans l’environnement dans lequel elle a grandi.

Nos parents font du mieux qu’ils peuvent avec qui ils sont.

Attention ! L’idée ici n’est pas de blâmer qui que ce soit. Sophie a grandi dans une famille où il y avait beaucoup d’amour et elle a toujours eu ce dont elle avait besoin. Ses parents ont vraiment fait de leur mieux avec les connaissances qu’ils avaient. Et ils ont réussi. Sophie est une magnifique femme à l’intérieur et à l’extérieur.

Toutefois, en voulant transmettre ces valeurs importantes et faire en sorte que Sophie devienne une bonne personne, ils lui ont inconsciemment transmis qu’elle doit oublier ses propres besoins pour le bénéfice des autres. Elle a aussi appris à avoir de grandes attentes envers elle-même. De plus, elle a compris que prendre soin d’elle est égoïste et se reposer, c’est pour les paresseux.

Avec la recherche, nous savons aujourd’hui que les cellules miroirs font en sorte que les enfants imitent leurs parents. Pas ce qu’ils disent, mais bien ce qu’ils sont et ce qu’ils font. Sophie a donc appris à reproduire ce que ces parents faisaient. Eux-mêmes ne prenaient pas de temps pour eux. Ils donnaient énormément pour que la famille ait tout ce dont elle a besoin, aider leur famille et leurs amis. Cela sans chialer.

Un apprentissage contradictoire

Par l’exemple de ses parents, Sophie a appris qu’il n’y a qu’un côté de la médaille à l’entraide et au service. On donne, mais on ne demande rien en retour. On donne à l’autre, mais pas à soi. Elle n’a pas appris à recevoir et à se donner du temps et de l’amour à elle-même.

Ces conditionnements remontent à plus longtemps qu’elle peut s’en souvenir. De fait, c’est si normal, c’est ça la vie. Mais au fond de son cœur, elle ressent un grand manque de reconnaissance.

« Soyez doux avec vous-même et les autres. Acceptez la première expression de l’émotion » Saverio Tomasella

Ce sont de grandes valeurs tellement importantes qui incluent d’avoir de l’empathie et de la compassion pour l’autre. Et cela fait aujourd’hui de Sophie une excellente infirmière. Elle est très valorisée par son métier et aimée de ses patients et collègues. Toutefois, elle manque de compassion pour elle-même et n’a pas appris à accepter de la recevoir de l’autre.

Ça pèse trop lourd

Le problème, c’est qu’avec le temps, devenir indispensable de la sorte pèse lourd sur ses épaules. Elle est devenue hyper responsable, efficace et performante. En résumé, elle en a plein le dos.

Ces derniers temps, cette lourdeur lui pèse tant qu’elle a de la difficulté à se lever le matin. Elle a la sensation de se réveiller plus fatiguée que la veille. C’est comme si elle n’avait plus de jus. Ses batteries sont à plat.

Sophie a longtemps supporté la pression et le stress de son quotidien. Mais ces temps-ci, c’est comme si son corps était en train de la lâcher. Il ne veut plus suivre. Elle doit se donner un gros coup de pied au derrière pour se lever de son lit et elle a recours à la caféine pour rester réveillée et vigilante toute la journée.

Compenser le burn out émotionnel

Comment de temps avant le burn out émotionnel ?

Elle sait qu’elle ne pourra pas continuer comme ça encore longtemps. Elle se demande combien de temps elle va encore pouvoir tenir. « Est-ce que je vais réussir à tenir toute la journée ? » C’est ce qu’elle se demande dès son réveil. Et chaque soir, elle se surprend d’avoir réussi encore une fois…mais à quel prix. Elle sent que c’est sa santé qui est en train d’en prendre un coup. Au fond d’elle-même, même si elle a réussi sa journée, elle a l’impression d’échouer, car elle n’est pas bien, elle a des douleurs partout et parfois elle se sent au bord de la dépression.

Un chemin insurmontable ?

Elle veut aller mieux, mais elle ne sait pas comment faire autrement. « Comment vais-je arriver à surmonter cette fatigue et refaire mes énergies ? Je suis en déficit depuis si longtemps et j’ai tant à faire. Je n’en vois pas le bout. Et en même temps, si je n’y arrive pas, je vois bien que je me dirige vers le burn-out émotionnel. Qu’est-ce que je vais faire ? Par où commencer ? »

Sophie se pose ces questions tous les jours depuis des mois. Elle sent que si elle continue à y penser et ne pas changer, ça ne sera plus tellement long avant qu’elle se retrouve complètement épuisée. Comme si ses batteries d’énergies étaient vides et qu’elle fonctionne sur les réserves d’urgences. Elle a la sensation de rouler avec la lumière qui indique qu’elle va bientôt manquer d’essence depuis trop longtemps. Elle sait que si elle attend trop, ce sera la panne sèche, le burn out émotionnel.

« L’épuisement est le résultat d’une trop grande quantité d’énergie dégagée vers l’extérieur et pas assez d’énergie auto-investie. En d’autres mots, c’est de brûler beaucoup plus d’essence que ce que vous avez mis dans votre réservoir. » Mélissa Steginus (Traduction libre)

« Oui mais, il y a tant à faire. Tout le monde a besoin de moi. Qu’est-ce qui va arriver si je ne suis plus là au travail ? Et à la maison ? Je ne peux pas me permettre de prendre du temps pour me reposer. La liste va continuer de s’allonger. Je vais me sentir coupable. My God ! Comment faire pour tout faire ? Je ne trouverai jamais le temps. Et même quand je prends le temps, la tête n’arrête pas de me spinner. Le hamster est toujours là. Je n’y arriverai pas. Jusqu’à quand je vais pouvoir toffer ? »

 Sophie a l’impression d’être prise à la croisée des chemins, sur une route sans issue. Elle ne sait pas quoi faire. Alors, elle continue de faire comme d’habitude. Le problème, c’est qu’elle sait que ce « d’habitude » la conduit vers le burn out émotionnel.

Des questions sans réponses… Pour l’instant

« Comment faire pour commencer à renverser la vapeur ? Comment arriver à prendre soin de moi-même ? »

« Est-ce que quelqu’un peut m’aider ? »

Va-t-elle oser demander de l’aide ? Elle qui est si habituée à se débrouiller seule.

« Est-ce que mon chum va continuer de m’aimer si je change ? Et les enfants, comment vont-ils réagir? »

« Est-ce que je vais continuer d’être appréciée au travail si je respecte mes limites, si j’apprends à dire non ? Qu’est-ce que les gens vont dire ? »

« Est-ce que tout mon monde va s’écrouler ?

OMG ! Et mes parents ? »

Lumière au bout du tunnel

Une lueur d’espoir à l’horizon

Après quelques minutes de cette réflexion, quelque chose lui monte à la conscience : Le souvenir de sa marche à la rivière et de la vieille dame. « Et si je commençais par y retourner ? C’est décidé. Demain j’y vais ! »

Est-ce que Sophie ira ou non demain ? Ça c’est une autre histoire. À suivre…

Je vous donne quand même un petit indice. Sophie retournera à la rivière et arrivera à aller mieux. Est-ce que ce sera dès demain ? Hé bien là, ne m’en demandé pas trop tout de même. Hi ! Hi ! L’humour aide toujours à lâcher la pression.

Est-ce que tu t’es reconnue en Sophie ? Si oui, dis-moi dans les commentaires, quel élément te ressemble le plus ?

Namasté !

P.S. Par ici la suite de l’histoire de Sophie : 10 astuces Anti-Stress Naturel

P.P.S. Si tu es inquiète à propose de ta santé, je te conseille de consulter un professionnel de la santé. Si tu souhaites aller plus loin dans cette réflexion, voici un article que j’ai trouvé très intéressant et étoffé : « Comment éviter le burn out émotionnel ».  

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5 réflexions sur “Burn out émotionnel : Comment on en arrive là ?”

  1. Ping : Un temps pour soi...Pour respirer - Marie-Claude Dubois

  2. Marie-Claude, merci pour cet article! je me reconnais énormément dans tes mots, surtout après les deux dernières années que nous venons de passer! Personnelement le yoga et le sport m’ont beaucoup aidé à canaliser ce ‘ras-le-bol’, et j’ai pris des décisions pour changer ma vie et prendre controle 🙂

    1. Marie-Claude Dubois

      Bonjour Mathilde, Merci beaucoup pour ton commentaire. Moi aussi le yoga fait partie de ma vie tous les jours. Ça fait une grande différence dans mes journées. C’est pour ça que j’ai décidé de l’enseigner. 😉

  3. Bonjour,
    Un excellent article que je trouve important de partager autour de soi. C’est un vrai problème ! J’ai tellement d’élèves qui sont en surmenage professionnel ou personnel. Merci pour cet article.
    À l’instant mon corps me disait (mal au cou, mal au dos) : lâche l’ordinateur.
    Eh ben je vais l’écouter et aller me promener. Merci pour ce rappel essentiel !

    1. Marie-Claude Dubois

      Merci pour ton partage Cherhine ! En effet, c’est le cas pour beaucoup de mes clientes aussi. Et ça l’a été trop longtemps pour moi. Génial que tu t’écoutes. Bonne promenade ! 😉

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